Compte-rendu de la visite de M. IRACANE

LES DECHETS NUCLEAIRES

Classe de CE1 / CE2


L'objectif est de montrer :

  1. Que la production d'électricité s'accompagne de la production de déchets
  2. Que ceux-ci sont mis dans des boîtes qui protègent l'environnement
  3. Qu'il faut choisir où mettre ces boîtes.

Un débat et un vote sont alors organisés pour permettre aux enfants de choisir le mode de gestion des déchets.
Les mots techniques autorisés sont : déchets, radioactivité, environnement. Le reste doit être présenté par analogie.

1 EXPERIENCE 1 : L'ENERGIE

1.1 Description de l'expérience

Sur une plaque de bois, on dispose un axe. Sur cet axe, deux billes séparées par un ressort comprimé sont maintenues ensemble par une ficelle. Lorsque la ficelle est coupée, les deux billes se séparent violemment ; l'une percute un interrupteur qui allume une ampoule ; l'autre percute des boules qui se dispersent.

Ceci illustre 1) la production d'énergie par le fait d'allumer une ampoule et 2) la production concomitante de déchets figurés par les boules séparées.

1.2 Scénario de présentation

Les deux billes maintenues par la ficelle et le ressort illustrent la radioactivité naturelle prise dans le sol. Lorsqu'une élève "menue" coupe la ficelle, elle produit de la lumière (électricité) et des boules séparées (déchets alors que les boules accolées représentent les éléments naturels).

Les boules séparées sont devenues des poisons très dangereux. Les boules sont tombées en vrac dans une boîte rectangulaire. Que fait-on de ces boules? Peut-on les disperser dans les champs: non, car les bêtes les mangent et l'homme mange les bêtes. Un enfant les prend une par une et les met dans une boîte cylindrique (tupperware) avec une pince à sucre.

On peut fermer la boîte ; est-ce suffisant? Quelqu'un pourrait venir les prendre.

On met des petites billes (1,5mm) dans des petits pots transparents (1 pot avec une dizaine de billes uniquement et un deuxième avec un tas de petites billes pour montrer qu'on en a beaucoup) ; l'analogie souligne qu'en réalité les boules sont bien plus petites.

Comment éviter que quelqu'un les mange?

2 EXPERIENCE 2 : CONCENTRER LES DECHETS EN COLIS

2.1 Description de l'expérience

On dispose de petites billes de couleur noire, bleu, rouge. On prépare de la résine. Dans des petits pots transparents, on met 30% de billes et 70% de résine. On mélange pour équirépartir les billes dans la résine. La résine figure les blocs de verre qui conditionnent les atomes radioactifs. L'intérêt est de montrer que ces atomes ne sont plus ingérables.

Trois pots (un de chaque couleur) auront été préparés à l'avance. Un quatrième est préparé devant les enfants en séance. Par ailleurs, un pot plus large, sans bouchon est destiné à circuler entre les enfants pour qu'ils vérifient qu'aucune bille ne s'échappe.

2.2 Scénario de présentation

L'objectif est d'empêcher que les billes aillent partout. Pour cela on peut les mettre dans un pot fermé. Mais attention, si on ouvre le pot ou s'il se casse, on en met partout et c'est très difficile à ramasser. Analogie : pâte à gâteau, ce qui a été mis dedans ne peut plus ressortir.

Donc, on montre les pots de résine déjà faits, on fait circuler le pot large ouvert, on prépare un nouveau pot. Le résultat est atteint : on ne peut plus avaler le poison.

Mais attention, il existe un autre danger ; les déchets radioactifs brûlent à distance comme le soleil. Il ne faut pas les toucher directement mais avec des pinces.

Il faut donc protéger les gens en les empêchant de toucher les pots.

3 EXPERIENCE 3 : PROTEGER LES COLIS

3.1 Description de l'expérience

On dispose d'une grosse boîte en métal, remplie de polystyrène simulant la protection contre le rayonnement. Avec une pince à sucre, on dispose les pots dans la boîte.

3.2 Scénario de présentation

Pour être sûr que personne ne touche les pots, il faut les mettre dans une boîte solide. On le fait avec une pince à sucre. Même si la boîte tombe, les pots ne seront pas cassés. On dit aux enfants que surtout personne ne doit ouvrir la boîte sans autorisation et personne ne doit toucher les pots. Si quelqu'un essaye, il faut le prévenir du danger.

On met la boîte dans un coin de la classe proche de l'entrée. L'institutrice demande si les enfants ont bien compris. Dans le même temps ; un adulte rentre et ouvre la boîte en demandant ce qu'il y a dedans.

On observe et commente la réaction des enfants qui devaient prévenir l'adulte du danger. On en déduit qu'il faut faire quelque chose de la boîte.

On propose deux solutions:

" Solution 1 : la mettre dans l'armoire avec le panneau "danger" (dessin d'une tête de mort) en disant aux enfants qu'ils devront expliquer aux classes suivantes que c'est réellement dangereux.

" Solution 2 : l'enterrer dans le jardin comme un trésor ; mais attention, on pourrait l'oublier et un jour quelqu'un risque de creuser pour planter un arbre et tomber dessus.

Le technicien avoue qu'il ne peut pas choisir ; c'est aux enfants de choisir.

4 EXPERIENCE 4 : DEBAT ET VOTE

L'institutrice repositionne le débat entre 1) mettre dans l'armoire sous surveillance des classes successives qui se transmettent l'information et 2) l'enterrer pour toujours dans le jardin en risquant d'oublier les déchets.

Le technicien n'intervient pas dans le débat sauf pour répondre à des questions.

On prépare le vote sur 3 options : armoire, jardin, laisser sur la table. Le tout (dossier explicatif, résumé des questions et vote) sera mis sur le site Internet de la classe.

Le tout dure 1h pour les expériences et 30 mn pour la discussion et le vote.

5 BILAN DE LA PRESENTATION

La présentation s'est déroulée en 1h30 devant 16 élèves. Les élèves ont été participatifs durant les expériences, curieux des objets qui circulaient, très mobiles dans la classe pour être au plus près de la scène ; dès le début, les questions des enfants ont été nombreuses. Ils ont d'eux mêmes dégagé de nombreuses options. Les analogies ont été bien reçues.

L'exposé démarra par une explication de la production d'électricité à partir de "cailloux radioactifs". Il est apparu que les enfants ont beaucoup réagi à l'idée de l'existence de la radioactivité naturelle. Est-ce dangereux, est-ce contrôlé dans l'alimentation, où en trouve-t-on, y en a-t-il partout, comment la reconnaître?

La première expérience montre que la production d'électricité (lumière qui s'allume) est strictement concomitante avec la production de déchets (boules éjectées). Les enfants ont été interpellés par le fait que d'un côté il y a de l'énergie et de l'autre des déchets qui sont maintenant dangereux (il faut les manipuler avec une pince).

La résine a été vue comme du verre et l'intérêt du conditionnement a été bien accepté. Les enfants constatent que les billes (1,5mm) représentant les déchets ne peuvent plus être séparées de la matrice et donc le risque d'ingestion n'existe plus. Les enfants ont demandé ce qu'il se passe si le bloc de résine tombe. Expérience faite, le bloc se cassa en deux morceaux. Interrogés, les enfants conviennent que la récupération est simple contrairement à ce qu'il se serait passé si les billes avaient été dispersées en l'absence de matrice.

Les petits pots de résine sont transportés solennellement, tenus par la pince à sucre, dans une grosse boîte en fer. Les enfants "retiennent leur souffle" ce qui montre leur appropriation forte du jeu de rôle. Ils ont perçu l'existence du risque.

Le débat est initié par l'entrée d'un adulte dans la classe conformément au scénario ; il a touché les "déchets" alors que les enfants étaient prévenus qu'il devaient donner l'alerte. Deux d'entre eux l'ont fait timidement. La conclusion s'imposait ; il fallait gérer la boite contenant les déchets.

D'eux-mêmes les enfants ont dégagé les solutions suivantes:

" Il faut faire un très grand trou et le boucher par du ciment, des cailloux, du ciment, des cailloux, bien plus profond que toutes fondations. "

" On met les boîtes dans des plus grandes boîtes et on recommence : on cache les clés. "

" On met le pictogramme alertant sur le danger entre les deux boîtes emboîtées de telle sorte que l'affiche ne se détruise pas. "

" On détruit les déchets. A la réponse, on ne peut en détruire qu'une partie, la réponse est : on recommence à en détruire... "

" On refait de l'électricité avec les déchets. "

" On met la boîte dans le placard avec alarme et surveillance ( caméra, chien,...). "

" On met la boîte dans le placard ( symbolisant l'entreposage) et le placard dans le trou (symbolisant le stockage). "

" On envoie les déchets dans l'espace. "

" On met les déchets dans la mer. "

Le vote a été organisé entre 3 options : laisser la boîte sur le bureau, l'enterrer dans le jardin, la mettre dans le placard sous surveillance de la classe année après année. Les autres solutions sont déclarées non viables. Le technicien a confié la responsabilité du choix aux enfants sans prendre parti pour une quelconque solution. C'est la maîtresse qui a reformulé, préparé le débat, et canalisé les questions éventuelles vers le technicien. La problématique de la réversibilité n'a pas été évoquée.

Résultat du vote:

" Vote "laisser la boîte sur le bureau" : 0 voix ; ceci s'explique par le fait que le seul argument positif pouvant justifier cette non-action (attente d'une solution à venir) n'a pas été donné. "

" Vote "enterrer dans le jardin": 2 garçons, 5 filles.

" Vote "armoire sous surveillance" :6 garçons, 3 filles.

L'écart entre les deux options est faible ; les enfants semble avoir acquis une véritable perception du problème ; certains ont été "effondrés" de voir le choix des autres. Un débat qui promet d'être riche dans leur avenir...


La semaine suivante la maîtresse demande aux enfants :

Que s’est-il passé vendredi dernier quand Daniel est venu dans la classe ?"

Serait-il intéressant de le refaire à d’autres classes ?"

" Justifiez vos choix de vote."

Questions diverses et remarques :


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